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« Deux destins, deux œuvres, deux continents : une même quête de liberté. »

 

Éditorial

S’il est commun de parler de jumelage entre deux villes ou entre deux établissements scolaires, le mot est plus rare quand il s’agit d’évoquer les échanges qui peuvent exister entre des musées ou entre des maisons d’écrivains de différents pays.

Il y a néanmoins des précédents : le Domaine de George Sand à Nohant jumelé avec le Musée Tolstoï en Russie à l’occasion de l’année franco-russe, le Musée Victor Hugo de Villequier qui s’est rapproché de la maison natale du poète chinois Lu Xun ou plus récemment le jumelage entre la villa Arnaga d’Edmond Rostand et la maison de l’écrivain roumain Corneliu Codreanu.

Le jumelage entre la maison de Colette et la maison Gabrielle-Roy est le premier entre la France et le Canada, entre l’Europe et le continent américain, entre deux femmes dont la liberté et le génie littéraire auront profondément marqué leurs pays d’origine.

Jumeler nous dit l’Académie française, c’est « établir des liens en vue de renforcer l’amitié et la connaissance réciproques. » Une maison d’écrivain, c’est une initiation à la lecture. Faire découvrir ou redécouvrir la vie et l’œuvre de Gabrielle-Roy et de Colette des deux côtés de l’Atlantique, transmettre ce matrimoine aux plus jeunes et aux générations à venir, sont des enjeux majeurs de ce projet. Nos cultures, nos littératures, nos francophonies sont notre richesse, au-delà des frontières.

Ce jumelage bénéficie du soutien de l’Accord intergouvernemental Canada-France et de l’Ambassade du Canada en France.

 

Histoire du jumelage

À l’initiative des directeurs des deux maisons, Sébastien Gaillard et Frédéric Maget, et en accord avec les présidents des conseils d’administration des deux lieux, la maison de Colette et la maison de Gabrielle Roy ont décidé en 2018 de se jumeler afin de favoriser la découverte réciproque des deux femmes de lettres des deux côtés de l’Atlantique et d’initier des projets littéraires, culturels et pédagogiques communs pour un partenariat pérenne dont les deux axes majeurs sont la défense de la francophonie et la valorisation de la place des femmes dans la littérature, les arts et la culture.

Colette et Gabrielle Roy incarnent dans chacun de leur pays d’origine – comme à l’international – le génie littéraire féminin. Si la célèbre femme de lettres bourguignonne fut la première à laquelle l’État français souhaita accorder des obsèques nationales, Gabrielle Roy a, quant à elle, donné son nom à la principale bibliothèque francophone canadienne, une citation d’elle figure sur le billet canadien de 20$ et la publication de son roman Bonheur d’occasion a été désignée comme événement historique en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel.

Objectifs 

Les deux maisons souhaitent initier plusieurs projets destinés à poser les bases du partenariat et à incarner de façon concrète dans chaque lieu ce jumelage.

Parmi ces projets, la réalisation d’une exposition commune. Cette exposition présentant divers documents d’archives permettra de lire et d’appréhender en parallèle les grands aspects biographiques et littéraires de chaque auteur. Elle sera accompagnée d’une exposition itinérante à destination du public scolaire au Canada et en France.

Dans chaque pays, et en fonction des ressources locales, plusieurs actions culturelles accompagneront cette exposition : conférences, ateliers lecture et écriture, spectacles avec la volonté d’associer tous les publics autour de projets annuels ou semestriels.

Dans le cadre du jumelage international avec la Maison de Colette, la Maison Gabrielle-Roy a créé une bibliothèque de prêt gratuit (en français et en anglais) pour faciliter la diffusion des œuvres de nos deux grandes écrivaines, ainsi qu’un échange scolaire, entre les élèves du Manitoba et de France, promus ambassadeurs de leur francophonie.

Des échanges suivis et des projets communs entre élèves canadiens-manitobains et français seront encouragés en partenariat avec les établissements scolaires et les ministères compétents autour des deux autrices et de leurs œuvres autobiographiques.

L’exposition

« Colette et Gabrielle Roy, la liberté en partage »

À l’occasion du jumelage de la maison de Colette et de la maison de Gabrielle Roy, le Musée Colette et la Maison de Colette s’associent pour réaliser une exposition commune consacrée aux deux écrivaines qui incarnent des deux côtés de l’Atlantique le génie féminin.

Gabrielle Colette et Gabrielle Roy partagent bien plus qu’un prénom. Bien qu’une génération et plusieurs milliers de kilomètres les séparent, eurs vies comme leurs œuvres présentent de nombreux points communs : relation privilégiée avec leur mère, lien mystérieux et enchanté à l’enfance et la maison natale, expérience de la scène, du journalisme, écriture autobiographique.

Cette exposition croisée, réalisé sous le regard attentif et bienveillant de François Ricard, grand spécialiste de Gabrielle Roy, prend appui sur des documents iconographiques (portraits, lettres, manuscrits, articles) qui permettent de découvrir les étapes fondatrices de la vie et de l’œuvre de chacune de ces deux femmes pionnières en de nombreux domaines, écrivaines infatigables, toutes deux promues au rang de gloire nationale dans leur pays respectif.

Une version itinérante de l’exposition à destination du public scolaire sera proposée et accompagnée d’un livret pédagogique.

Commissariat de l’exposition : Samia Bordji et Frédéric Maget

Découvrir l’exposition présentée au Musée Colette et à la maison de Colette


Visites guidées 3D de l’exposition

 

Biographie de Gabrielle Roy

Gabrielle Roy (22 mars 1909 à Saint-Boniface, Manitoba ; 13 juillet 1983 à Québec).

Membre de la Société royale du Canada depuis 1947, Gabrielle Roy a reçu les plus hautes distinctions littéraires, dont le prix du Gouverneur Général, le prix Duvernay, le prix David et le prix Femina et a été faite Compagnon de l’Ordre du Canada.

Petite fille de pionniers québécois, elle est la benjamine d’une famille de onze enfants. Elle se met très tôt à l’écriture sous l’influence de son père, un agent de colonisation, de sa mère et de sa sœur Marie-Anna qui lui transmettent leur don de conteurs. En dépit d’une enfance marquée par une santé fragile, les difficultés pécuniaires de sa famille et l’injuste loi Thornton de 1916 qui abolit l’enseignement du français dans les écoles du Manitoba, elle fait de brillantes études à l’Académie Saint-Joseph et au Winnipeg Normal Institute, puis embrasse la carrière d’institutrice.

De 1929 à 1937, ses expériences d’enseignement dans les villages manitobains, à la Poule d’Eau et à Saint-Boniface l’ouvrent aux immenses paysages de l’Ouest et à la mosaïque des ethnies qui nourriront son œuvre.

Partagée entre la littérature et le théâtre – qu’elle pratique au sein du Cercle Molière – elle décide de partir suivre des cours d’art dramatique en France et en Angleterre. Après deux ans d’essais infructueux, elle choisit alors la voie de l’écriture et installée à Montréal, entame sous la direction de son conseiller littéraire, Henri Girard, une carrière de journaliste pigiste dans La Revue Moderne et Le Bulletin des agriculteurs. La découverte du quartier Saint-Henri, rongé par la misère, va donner naissance au premier grand roman urbain canadien, Bonheur d’occasion (1945), qui, tout en rompant avec les valeurs traditionnelles de la patrie, de la religion et du retour à la terre, dénonce la condition des ouvriers et des exclus au début de la Deuxième Guerre mondiale. L’immense succès du roman au Canada, en France (Prix Femina 1947) et à l’étranger permet à Gabrielle Roy de se consacrer entièrement à l’écriture. Elle construit dès lors une œuvre romanesque importante marquée par l’univers de l’enfance – à commencer par la sienne au Manitoba -, la découverte et le respect de l’autre, la quête de la liberté – notamment celle des femmes -, l’importance de la nature comme lieu d’un rapport authentique à soi, et surtout par l’expression d’un génie littéraire de la langue française.

Gabrielle Roy meurt à l’hôpital l’Hôtel-Dieu de Québec, le 13 juillet 1983. En 1984, sera publiée son autobiographie intitulée La Détresse et l’Enchantement.

  • Gabrielle Roy par Basil Zarov, 1947.
  • Gabrielle Roy en 1929.
  • Gabrielle Roy à un an et demi avec sa sœur Bernadette, surnommée « Dédette ». Bibliothèque et Archive du Canada.
  • Léon Roy avec son fils aîné Joseph. Collection François Ricard.
  • Gabrielle Roy au sortir de l’adolescence. Bibliothèque et Archive du Canada.
  • Gabrielle Roy, brillante élève à l'Académie Saint-Joseph. Société Historique de Saint-Boniface.
  • Gabrielle Roy avec la classe de première année de l'Institut Provencher de Saint-Boniface, en 1935. Société Historique de Saint-Boniface.
  • Gabrielle Roy en 1936 dans "Les Soeurs Guédonec". Société Historique de Saint-Boniface.
  • Gabrielle Roy à 70 ans par Yousuf Karsch, 1979. Archives du fonds Gabrielle Roy. DR

La Maison

La Maison Gabrielle-Roy est l’une des pierres angulaires du tourisme culturel au Manitoba. Elle permet au public de découvrir un lieu patrimonial qui célèbre la vie et l’œuvre de Gabrielle Roy tout en promouvant l’écriture et l’expression artistique en​ français au Manitoba. Elle est reconnue comme un acteur essentiel d’une communauté francophone vivante et dynamique.

La maison est au cœur de l’œuvre de l’écrivaine franco-canadienne. Les descriptions qu’elle lui consacre nous permettent de récréer mentalement la maison telle qu’elle était de la naissance de l’écrivaine en 1909 au départ de la famille Roy, en 1937.

Enfant pensive, aimant s’isoler de parents assez âgés, Gabrielle Roy passe beaucoup de temps au grenier à méditer et à imaginer son avenir. Le cœur de son œuvre se retrouve à cette lucarne, immortalisée dans ses textes.

  • Façade de la maison de Gabrielle Roy, rue Deschambault, à Saint-Boniface.
  • L'escalier et la salle à manger.
  • Le salon.
  • La salle à manger.
  • La cuisine.

Ses actions

La maison accueille des visiteurs et des groupes scolaires toute l’année, en multipliant les présentations dans les groupes scolaires.

La Maison Gabrielle est l’initiatrice et l’organisatrice d’activités culturelles : la Journée internationale des Femmes, la Dictée Gabrielle-Roy (événement pancanadien et international), le Salon du livre du Manitoba, les soirées Spoken Word. Elle est partenaire d’événements artistiques au sein de la communauté francophone : production de pièces de théâtre, soirée poésie, ateliers d’écriture, résidences d’auteurs francophones…

En savoir plus sur Gabrielle Roy

Quelques œuvres de Gabrielle Roy

La plupart des œuvres de Gabrielle Roy sont disponibles
aux éditions Boréal.

Bonheur d’occasion, 1947.
La Petite Poule d’eau, 1950.
* Rue Deschambault, 1955. extrait audio
La Route d’Altamont, 1966.
La Rivière sans repos, 1970.
Un jardin au bout du monde, 1976.
Ces enfants de ma vie, 1977. extrait audio
*La Détresse et l’enchantement, 1984. extrait audio

Biographies

François Ricard, Gabrielle Roy, une vie, éd. Boréal (1996), coll. Boréal Compact, 2000.
François Ricard, Album Gabrielle Roy, éd. Boréal, 2014.

Films documentaires

Gabrielle Roy, un documentaire (1998) de Léa Pool,
disponible en DVD.

 

Sites de références 

Le site officiel de la maison Gabrielle-Roy www.maisongabrielleroy.mb.ca
Le groupe de recherche sur Gabrielle Roy à l’Université McGill http://gabrielle-roy.mcgill.ca
Gabrielle Roy, du manuscrit au virtuel : http://hyperroy.nt2.uqam.ca